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La sécurité des clients en point de mire

Imaginez que vous soyez cuisinier et que vous deviez préparer un menu pour un restaurant étoilé réclamant une qualité supérieure, et ce, bien sûr dans des conditions optimales : Cela exigerait de votre part des compétences extrêmement pointues. Les experts de Dörries Scharmann qui travaillent depuis 20 ans à l’entretien du groupe énergétique RWE Power AG connaissent ce sentiment. Et leurs menus de retrofi tting ont l’air d’être « au goût » des spécialistes du centre technologique RWE : Fin 2015 commencera la modernisation complète de la quatrième machine-outil.

« Étant donné que le produit « service » se développe directement chez le client, c’est donc de ce dernier que dépend sa réussite ». C’est ainsi que Günther Eller, responsable de l’unité opérationnelle « Customer Service » de l’entreprise suisse Starrag Group (voir l’entretien en page 8), décrit la situation idéale. La collaboration étroite entre la société anonyme RWE Power de Frechen (près de Cologne, en Allemagne) et Dörries Scharmann Technologie GmbH (DST) de Mönchengladbach, entreprise de Starrag Group, est à la base d’une relation commerciale fructueuse depuis de nombreuses années.

Le centre technologique de RWE est équipé de quatre aléseuses DST : deux Scharmann WFT, une Scharmann FB 100 des années 1970 et une Scharmann Heavycut datant de 1983. « La première révision et modernisation conjointe avec DST a eu lieu en 1996 », explique Willi Spelter, collaborateur de longue date au sein de la production mécanique et actuel chef de projet pour l’entretien des machines- outils, entre autres. « En raison de dégâts majeurs sur les rails de guidage, un retrofitting important sur les deux WFT s’est ensuite révélé nécessaire en 2013. Pour leur renouvellement, il a été nécessaire de démonter les montants et les poupées porte-broche ». Les experts du centre technologique de RWE s’associèrent à DST, et pas seulement en raison des expériences positives. « Il nous apparut clair que, pour mener ce projet à bien, nous devions collaborer avec le fabricant des machines », se souvient M. Spelter. « Nous devions intervenir en profondeur dans l’essence même des machines », ajoute Thomas Pfeiffer, responsable de l’entretien orienté produits. « De plus, nous ne pouvions pas nous priver longtemps des machines, et devions clore ce projet de manière absolument sûre, ce qui n’était pas réalisable sans le fabricant, qui dispose de toute la documentation. »

Une stratégie d’entretien fut tout d’abord élaborée avec Dörries Scharmann, dont la première étape consistait à diviser les aléseuses en sous-ensembles. « Sur une carte heuristique, nous avons représenté et repéré par des couleurs plus de 100 sous-ensembles », explique le chef de projet. Les sous-ensembles en bon état furent marqués en vert, ceux dont « l’état n’était pas encore certain » en jaune et ceux devant être réparés ou remplacés, en rouge. Grâce à cette analyse, DST élabora un plan de réalisation ainsi qu’un devis. « RWE attendait une analyse poussée jusque dans les moindres détails, ce qui constituait déjà un défi de taille pour nos ingénieurs d’étude », se souvient Hans Jeschke, directeur Services chez Dörries Scharmann Technologie. « Nous devions évaluer, élaborer et justifier chaque étape du retrofitting, tout en pensant aux risques futurs. Mais c’était la meilleure façon de procéder ». Sur la base de cette analyse commune détaillée, un contrat commercial à faible risque pour les deux parties put être conclu, ce qui permit d’accélérer la commande. « Nous envisagions également d’acheter de nouvelles machines », explique M. Spelter. « Pour le retrofitting, le prix n’était pas le seul facteur important. Nous souhaitions également pouvoir continuer à utiliser une structure de base solide. »

« La précision et la disponibilité sont passées de deux à cinq étoiles. »

En qualité d’ingénieur du secteur, Uwe Herrmann manie les machines au quotidien. Selon lui, la stabilité de la construction des anciennes machines Scharmann est irréprochable. « Mon expérience des installations de production réparées et rénovées à plusieurs reprises est extrêmement positive », souligne M. Herrmann. « Je ne doute pas qu’un retroffiting sera à nouveau rentable dans 15 ou 20 ans ». L’atelier mécanique traite en moyenne environ 2 500 contrats d’entretien RWE simultanément, et traite également de plus en plus de composants pour des clients externes à l’entreprise. Ainsi, les experts de Frechen ne passent pas volontiers sur de nouvelles machines ; l’usinage de composants qui varient constamment, le plus souvent en lots de petite taille, fonctionne au mieux sur les installations de production éprouvées et dont les paramètres et les possibilités d’utilisation sont connus.

Au sein du centre technologique, nous sommes tous des techniciens de maintenance pour le convoyage dans les mines de lignite à ciel ouvert exploitées par RWE en Rhénanie », explique M. Pfeiffer. « C’est ce qui nous caractérise jusque dans le dernier geste ». C’est pourquoi le service de réparation et de remise en état est à ce point dynamique. « Il n’est pas rare que nous décidions le jeudi ce qui va être fabriqué sur une machine le week-end », souligne Pfeiffer. « C’est pourquoi nous attendons également d’un technicien de maintenance externe des réactions rapides et fl exibles ». En raison de ces conditions difficiles, le centre technologique table sur des procédures méticuleusement planifiées pour les retrofittings des aléseuses, lors desquels de nombreuses variantes techniques sont utilisées.

« Ce fut pour nous une période douloureuse, car sur les trois grandes aléseuses, il n’y avait subitement plus qu’une seule à disposition », raconte l’ingénieur industriel Herrmann. Pour lui faciliter la vie, ainsi qu’à son équipe de production, un retroffiting par étapes fut planifié. « En raison de la réparation du guidage de l’ensemble du bâti X, les deux colonnes mobiles ont dû être complètement démontées », explique M. Pfeiffer. « Nous avons fait réparé partiellement la première WFT, afin de la rendre à nouveau opérationnelle rapidement ». Les travaux finaux sur la machine partiellement réparée furent effectués à l’issue du retrofitting final des autres WFT. « Le contrat de base a été complété à plusieurs reprises et s’est étalé sur environ 16 mois au total », se souvient Norbert Ophüls, chef d’équipe Services chez DST. « Malgré tout, les deux aléseuses ne sont restées simultanément à l’arrêt que durant 6 mois. » Après la réception définitive des deux WFT, fin 2014, la révision mécanique de la Scharmann FB 100 (construite en 1972) démarra. L’aléseuse affiche aujourd’hui entre autres les nouveaux axes X, Z, B et U à entraînement direct, qui veillent au jeu d’axes réduit et au positionnement exact. Willi Spelter : « Comme pour le retrofitting des WFT, nous avons dû planifier l’entretien. »

« Le dialogue intensif avec DST a conduit à des solutions sur mesure »

Après le retrofitting, une modernisation des concepts de sécurité des deux WFT et de la Heavycut correspondante fut à l’ordre du jour. « Il s’agissait d’empêcher également l’accès non détecté dans la zone d’usinage de manière fiable », précise l’ingénieur industriel Herrmann. « Ce faisant, il a fallu également prendre en compte le fait que certains composants volumineux dépassaient parfois de la zone d’usinage ». Ainsi, la tâche se révéla particulièrement délicate en raison du fait que les deux WFT reposaient sur le même bâti. Thomas Pfeiffer : « Le dialogue intensif avec DST a permis de trouver une solution sur mesure, également satisfaisante aux yeux des autorités de contrôle et des collaborateurs ». Une des particularités est la clôture relativement basse au niveau du passage central ; sa hauteur d’un mètre, soit la moitié des clôtures classiques, permet de laisser dépasser les composants les plus imposants. « Nous avons entièrement clôturé les trois aléseuses », explique M. Ophüls. « Entre les machines, nous avons ajouté des cloisons de séparation enfichables pouvant être démontées lors de l’utilisation de composants très volumineux ». Enfin, un système codé de contrôle d’accès avec intervention sélective au niveau des arrêts d’urgence des trois machines empêche l’entrée non autorisée ou non détectée dans les zones de danger.

Pour le centre technologique de RWE, où réside la vraie valeur ajoutée des prestataires de services DST ? Dans l’augmentation de la rentabilité, la croissance des ventes, l’amélioration de la sécurité ? Notamment en raison des faibles volumes des lots et des interventions typiques de réparation d’urgence, M. Pfeiffer ne chiffre pas ce bénéfice de manière précise. « Pour nous, la disponibilité technique de l’installation est au premier plan » répond le responsable. « Celle-ci doit être très élevée, afin de garantir la performance de l’atelier mécanique de manière fiable. Pour assurer une disponibilité optimale et constante de la technique d’extraction des mines à ciel ouvert pour la mise à disposition du charbon, nous avons l’habitude, comme nul autre, de déployer de gros efforts et une grande créativité, afin d’exploiter au maximum aussi bien nos postes de fabrication clés que les grandes aléseuses. Le personnel qualifié, le prestataire de services et la technologie n’ont pas le droit de nous abandonner ». Pour les commandes n’ayant pas de délai critique, l’atelier doit absolument veiller à la rentabilité, c’est-à-dire à réduire au maximum le taux horaire des machines. Une analyse benchmark des prestations de services de l’ensemble du site effectuée récemment a justement révélé que les aléseuses de la fabrication mécanique fonctionnaient de façon très compétitive

„Particular added value for the RWE Maintenance & Engineering Centre: Increased effi ciency, revenue growth, enhanced safety“

Globalement, le retrofitting des aléseuses à Frechen peut être apprécié sur une échelle allant d’une étoile (passable) à cinq étoiles (excellent). Willi Spelter : « La précision et la disponibilité sont passées de deux à cinq étoiles.

» Le retrofitting DST des trois machines s’étant révélé satisfaisant, le retrofitting de la Scharmann Heavycut, une nouvelle version des aléseuses de la série WFT, démarrera en novembre 2015. Norbert Ophüls : « Ce retrofitting complet comprendra la révision des pièces mécaniques ainsi que la modernisation de l’électronique ». La Heavycut sera équipée, notamment en raison de l’obsolescence de certains composants du fabricant, d’une nouvelle Siemens Sinumerik 840D sl, d’un système de commutation et de câbles, ainsi que de nouveaux moteurs et systèmes de mesure. » Norbert Ophüls : « La procédure ne se déroulera pas par étapes, mais de façon continue selon un contrat de base ». RWE a en outre déjà budgété toutes les options possibles après un éventuel démontage. »

De cette façon élégante, RWE pare également à tout retard dû à des négociations ultérieures sur d’éventuelles tâches supplémentaires. En effet, étant donné que le produit « service » se développe directement chez le client, sa réussite dépend non seulement de ce dernier, mais aussi d’une planification exacte en amont.